Les stratégies d’apprentissage
Il est admis que l’acquisition linguistique implique un processus général et instinctif, voire inné, mais il est également reconnu que les stratégies peuvent varier selon les individus et les circonstances. Les chercheurs continuent d’étudier les opérations psycholinguistiques auxquelles les apprenants font face lorsqu’ils sont confrontés à une langue étrangère pour comprendre quelles sont les étapes clés de ce processus, qui peuvent être utiles aux enseignants pour suivre les progrès des élèves.
1. Analyse de la langue cible
L’apprenant analyse la langue cible en se basant sur ses connaissances préalables sur les langues en général, sa langue maternelle, la langue cible et les interactions sociales. Ces connaissances sont inévitables, mais peuvent nécessiter des corrections. L’apprenant utilise ces acquis pour développer de nouvelles connaissances en observant les caractéristiques formelles de la langue cible telles que la fréquence des mots, la position des mots dans une phrase, l’accentuation orale et les informations contextuelles.
2. Interprétation et construction des énoncés
L’apprenant utilise des stratégies similaires à celles des linguistes pour analyser l’ordre des mots, les classer sur le plan sémantique et grammatical, identifier les flexions, les particules et les prépositions, ainsi que pour comparer les différentes intonations.
Pour s’exprimer, l’apprenant commence par produire des morphes, des unités lexico-grammaticales de base qui ont une valeur fonctionnelle. Ensuite, l’apprenant utilise des principes de base pour construire des énoncés, tels que l’utilisation de l’intonation pour poser des questions ou faire des affirmations, et l’indication des repères spatio-temporels.
3. Association et intégration au contexte
Comprendre et gérer l’interaction entre un énoncé spécifique et les informations connexes dans la communication peuvent être difficiles pour un apprenant, même à un bon niveau. La connaissance du monde et de la société environnante, de la situation de communication, des échanges précédents et en cours sont essentielles pour éviter l’échec de l’intervention verbale ou de la compréhension de l’apprenant. Acquérir ces compétences communicatives demande de l’attention, de l’expérience et de la patience pour dépasser le stade des phrases isolées et décontextualisées.
4. Comparaison et contrôle
La comparaison, tant avec soi-même, le professeur, les camarades de classe que les locuteurs natifs, joue un rôle important dans la motivation et les progrès de l’apprenant. Cependant, il faut faire attention à ne pas surestimer ses capacités, ce qui peut entraîner une satisfaction excessive et un plateau de progression, ou à se sous-estimer, ce qui peut engendrer du découragement et un sentiment d’insécurité linguistique.
Le professeur doit aider l’apprenant à tirer le meilleur parti de ce réflexe de comparaison en utilisant une évaluation cohérente et stimulante. Lorsqu’elle est encadrée de manière appropriée, la comparaison devrait favoriser l’autocorrection et l’auto-apprentissage. L’apprenant pourra ainsi mieux contrôler ses performances, que ce soit pendant l’énonciation d’une phrase (en identifiant directement lui-même le problème ou en se basant sur les réactions immédiates de l’interlocuteur), après l’énonciation (lorsque l’interlocuteur l’interroge) ou même ultérieurement, en repassant dans sa mémoire l’échange qui a eu lieu.
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